Liberté chérie j’écris ton nom
Ecoutez ce vent de liberté qui souffle dans toutes les langues
La jeunesse tunisienne s’exprime sur les murs
Avec des slogans tracés à la peinture
Liberté, liberté, liberté
La jeunesse égyptienne grave sur les sépultures
Des hiéroglyphes modernes inscrits pour le futur
La jeunesse syrienne ne voit que des balles perdues
Qui ricochent un peu partout et qui tracent sur les murs
Les poètes libyens de Benghazi murmurent
Des poèmes satiriques comme des caricatures
Pour les poètes libyens de Tripoli, ce sera un peu plus dur
D’exprimer leur opinion face à la dictature
Liberté chérie j’écris ton nom
Les poètes urbains gribouillent sur les murs
Des graffitis coquins en dessous d’la ceinture
Je vous salue Marie
Je vous salie ma rue
Les philanthropies de l’ouvrier charpentier
Les tripes en folie de l’ouvrier partant chier
Les slameurs parisiens inscrivent sur les murs
Des poèmes rabelaisiens gargantuesquement purs
Les slameurs parisiens calculent à chaque mesure
Des poèmes cartésiens scientifiquement surs
Les slameurs parisiens battent sur la mesure
Des poèmes africains contant leur aventure
Les slameurs parisiens, écrivains par nature
Recherchent artistiquement la merveilleuse césure
Les slameurs parisiens tracent dans la nature
Des poèmes sibyllins qui parlent du monde obscur
Les slameurs parisiens ondulent sur l’eau pure
Habillés en marins Fluctuât nec mergitur
Les slameurs parisiens se gavent de culture
La tête dans les bouquins à l’heure du clair-obscur
Mais la culture c’est comme la confiture
Moins tu en as, plus tu l’étale
Les slameurs parisiens se taisent sous la torture
Derrière des vitres sans teint à la Kommandantur
Liberté chérie j’écris ton nom
Les slameurs parisiens s’affichent pour écrire
Partageant leur passion dans la joie et le rire
Les slameurs parisiens après une bonne biture
Proposent dans les prisons des leçons d’écriture
Les slameurs parisiens se cachent pour écrire
Une plume dans la main, une muse qui les inspirent
Les slameurs parisiens se cachent pour mourir
Et lâchent encore un slam dans leur dernier soupir
C’est leur unique destin Parler et s’évanouir
Liberté chérie j’écris ton nom
La parole s’envole quand l’écriture perdure
Comme une trace du passé Dans les enluminures
Ce n’est pas une idée folle et ce n’est pas trop dur
De réunir ses feuilles dans un livre d’azur
Et de transmettre un recueil aux enfants du futur
Liberté chérie j’écris ton nom
Dans l’opinion des gens c’est là mon triste sort
J’en vois déjà certains qui veulent me voir dehors
J’attends des applaudissements, j’entends un silence de mort
Voilà j’ai fait mon temps de trois minutes, je sors.
King Bobo